Le Satyre et le Passant


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Le Satyre et le Passant.

Au fond d'un antre sauvage, 
Un Satyre et ses enfants 
Allaient manger leur potage 
Et prendre l'écuelle aux dents. 

On les eût vus sur la mousse 
Lui, sa femme, et maint petit; 
Ils n'avaient tapis ni housse, 
Mais tous fort bon appétit. 

Pour se sauver de la pluie, 
Entre un Passant morfondu. 
Au brouet on le convie : 
Il n'était pas attendu. 

Son hôte n'eut pas la peine 
De le semondre deux fois; 
D'abord avec son haleine 
Il se réchauffe les doigts. 

Puis sur le mets qu'on lui donne 
Délicat il souffle aussi; 
Le Satyre s'en étonne : 
Notre hôte, à quoi bon ceci? 

- L'un refroidit mon potage, 
L'autre réchauffe ma main. 
- Vous pouvez, dit le Sauvage, 
Reprendre votre chemin. 

Ne plaise aux Dieux que je couche 
Avec vous sous même toit. 
Arrière ceux dont la bouche 
Souffle le chaud et le froid!