La Discorde


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La Discorde.

La Déesse Discorde ayant brouillé les Dieux, 
Et fait un grand procès là-haut pour une pomme, 
On la fit déloger des Cieux. 
Chez l'Animal qu'on appelle Homme 
On la reçut à bras ouverts, 
Elle et Que-si-que-non, son frère, 
Avecque Tien-et-mien son père. 
Elle nous fit l'honneur en ce bas Univers 
De préférer notre Hémisphère 
A celui des mortels qui nous sont opposés; 
Gens grossiers, peu civilisés, 
Et qui, se mariant sans Prêtre et sans Notaire, 
De la Discorde n'ont que faire. 
Pour la faire trouver aux lieux où le besoin 
Demandait qu'elle fût présente, 
La Renommée avait le soin 
De l'avertir; et l'autre diligente 
Courait vite aux débats et prévenait la Paix, 
Faisait d'une étincelle un feu long à s'éteindre. 
La Renommée enfin commença de se plaindre 
Que l'on ne lui trouvait jamais 
De demeure fixe et certaine. 
Bien souvent l'on perdait à la chercher sa peine. 
Il fallait donc qu'elle eût un séjour affecté, 
Un séjour d'où l'on pût en toutes les familles 
L'envoyer à jour arrêté. 
Comme il n'était alors aucun Couvent de Filles, 
On y trouva difficulté. 
L'Auberge enfin de l'Hyménée 
Lui fut pour maison assignée.